CDNOW
Asian Dub Foundation
Community Music
par El CompulaFunkistador







Salut à toi le jeune,

Ils sont forts ces Pakistanais,
ou

"
Why stand on the shoulders of giants
when you can dance on the toes of bigots ?"
(Roger Morton, NME)

ADF live au Bikini, Toulouse
décembre 98. Photo ©SDEP

Les Pakistanais, les Indiens, sont à l'Angleterre ce que les Algériens ou les Marocains sont à notre contrée. Une foule de types dont les parents sont arrivés dans le pays au cours de décennies de colonialisme ponctuées par une émancipation dans le sang et les larmes en dépit des efforts d'un Gandhi ou d'un Nehru.

Toute une collection de communautés riches de leur cultures, de leur religions, tassées dans des quartiers peu riants, appelées aux tâches les moins hypes d'une Angleterre d'après-guerre en reconstruction, mais malgré tout figée dans son moule victorien.
Voilà pour le tableau ; l'épicier arabe du coin se dit corneshop, couscous se
dit tandoree chicken, etc...
Si en France l'expression des jeunes beurs passe une culture hip-hop directement emprunté à Brooklyn, celle des jeunes Indiens et Pakinstanais épouse les deux courants musicaux identitaires des déçus de la décennie Thatcher : le punk, le reggae.

Le reggae et le punk fondu dans le tandoree des musiques élétroniques 90ies ça donne du dub électronique. Les vieilles recettes des sorciers jamaïcains fous se voient relevées de samples, de toutes sortes de boucles et de basslines servis uptempo par des racks d'appareils plus boutonneux qu'un adolescent. Curieux paradoxe de ce dub moderne qui voit des individus que la vieille Angleterre aurait volontiers expediés derrière une fraiseuse à l'usine, s'exciter derrière des montagnes d'équipements hi-tech.

C'est le miracle de l'Asian Dub ; et plus particulièrement celui d'ADF, groupe né d'un projet social visant à démarginaliser les jeunes Indiens d'un quartier de Londres. Le projet est un succès puisque poussés par le label Outcaste (pionners de l'Asian Underground) ADF fait ses premières date, ses premiers DJ sets.

Il faudra plusieurs années, et deux albums plébicités notament en France pour que d'ADF trouve une reconnaissance dans son pays. Tournées et coproductions avec PRIMAL SCREAM, engagements dans des causes publiques (soutien à Satpal Ram, injustement emprisonné depuis 15 ans) achèvent d'imposer ADF en Angleterre avec la re-sortie de leur second album rebaptisé "RAFI's revenge" (98).

Aujourd'hui sort "Community Music", album auquel le New Musical Express accorde sa note maximale, 10/10, note qui n'avait pas été accordée depuis le "OK Computer" de RADIOHEAD (97). C'est la reconnaissance, par la presse spécialisée, de l'identité musicale d'une scène, trop longtemps réduite aux productions variétés pillant la culture indienne à grand coups de parties de sithar ou de tablas.

Consécration amplement méritée puisque ce troisième album offre un groupe au sommet de son art, maitrisant un style au point de se l'approprier quasi-définitivement. Le dub d'ADF est devenu majeur, s'offrant des excursions éthniques de plus en plus larges hors du pré-continent.

Le groupe se risque avec bonheur à l'exercice instrumental avec des plages resplendissantes où la production léchée sert une écriture très éclairée. La richesse mélodique et harmonique des compositions de "Community Music" est la plus parfaite réponse à tous les détracteurs des nouvelles musiques émergeant des méandres croisés des courants World, Ragga, Punk, Jazz.
Au delà de sa musique et de ses compositions, ADF impose ses musiciens en tant qu'instrumentistes de premier ordre, preuves vivantes de l'existence d'une autre vérité dans le jeu que celle professée par la culture musicale blanche des supergroupes (en 2000, voir Oasis). Changrasonic doit être considéré avec plus de respect que les bouseux guitaristes "brit" (OCEAN COLOR SCENE et consorts) englués dans une monomanie post Clapton-Page-Beck-Hendrix.

Il faut se précipiter sur "Community Music" car c'est un des rares albums parfait miroir de son temps, fruit de la synthèse d'influences aussi larges que séculaires. Les gars d'ADF regardent derrière et autour d'eux pour fondre la musique d'aujourd'hui.
Et si c'était ça la vraie mondialisation ?

 

 

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Other cool ADF links  :
  • Des photos prises lors du concertd'ADF au Bikini, Toulouse, décembre 98.
  • Une interview réalisée avec PANDIT G, (DJ d'ADF), lors du même concert.
  • La copie d'une interview d'ADF parue dans le numéro #11 (mars 00) de l'excellent magazine Crash.

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