Sancho
Panza, "'Ball o' string / Nuts in May' 7"" (Superglider)
L'art
de séduire l'espace de deux titres courts et tarabiscotés, c'est la
force première de ce single uniquement disponible en vinyle et en
édition limitée à 500 exemplaires. Sancho Panza est le projet
de Matt Shaw (Tex la Homa) de Paul Hanford (ex Brothers in Sound)
et de Russell Kamp (Apes). Le trio juxtapose savamment une guitare
cristalline, des cuivres enivrants et des samples pour offrir un accompagnement
idéal à la voix suave de Kamp. Au bout de la trois ou quatrième écoute,
les deux morceaux se révèlent de plus en plus lumineux et touchants,
déstabilisant tant ils reposent sur un équilibre incertain mais finalement
d'une rare ingéniosité. Une sorte de pot pourri aux senteurs caressantes:
du folk lo-fi avec une touche d'electronica avec une pointe d'expérimentation.
Les paroles se répètent à l'infini, la musique nous échappe. Un émerveillement
à la Jim O'Rourke ou à la Robert Wyatt, un packaging magnifique, un
petit trésor.
www.superglider.com
Justin
Vollmar, "Every place is home" (Blue Sanct)
Excellente
découverte que ce jeune songwriter américain, très talentueux quand
il s'agit de trouver des mélodies fragiles et poignantes, sans pour
autant être plaintives. C'est la pureté de Vollmar, sa manière
de se concentrer toujours sur l'essentiel, c'est à dire sa voix et
sa guitare qui fait de "Every place is home" un disque unique
à classer entre Leonard Cohen et les Kings of Convenience.
Vollmar
ajoute des sons perdus (ou trouvés, au choix): de l'eau, un train,
des voix indiscernables. Sa sérénité et sa maturité épatent. Il narre
simplement en chantant ce qu'il n'aurait pas pu dire en parlant. L'émotion
qui se dégage de "'A simple tune'" ou de "'The light
was awfully fast'" vaut bien plus que le détour.
www.bluesanct.com
Natural
Snow Buildings, "Ghost folks" (Hinah)
La
micro structure Hinah déniche une fois de plus une perle, cette fois
sous la forme d'un duo parisien, Natural Snow Buildings. S'annonçant
comme le groupe post rock à suivre de près, NSB évoque Movietone,
Mogwai, A Silver Mt Zion tout en se permettant le luxe de nous faire
voyager à mille lieux de nos repères habituels en la matière.
Pénétrants,
les 11 morceaux tirent la quintessence de tous les instruments employés
à décrire une immense étendue de pureté et à nous transmettre une
émotion profonde. Ainsi", 'If I can find my way through the darkness'"
et "'Fallen lords were riding half horses'", étirés en longueur,
stagnent dans des hautes strates et soignent un auditeur bouche bée,
prêt à pleurer.
Somptueux.
www.hinah.com
Dieb
13 Pure Siewert, "Just in case you are bored. So are we.
"(DOc / Ici d'Ailleurs)
Trois
artistes se rejoignent (Dieb 13, Pure et Martin Siewert) pour contempler
le silence et la Vallée de la Mort. Mais, en prêtant un peu l'oreille,
bien vite naissent des sons, des bruits, des images. Tout est ici
question de structure, de contexte musical, d'ultra minimalisme électronique.
Une guitare sporadique erre au milieu du vide et nous emmène dans
sa chute. A mesure que l'on vole, on sent son cœur battre, le vent
siffler dans nos oreilles, on sent que l'on va retomber sur nos pieds.
C'est
à l'unisson et en parfaite cohésion que les trois groupes créent un
silence bruitiste ou un long bruit silencieux, à vous de choisir.
Des sons tordus, des craquements, des notes improbables, un tremblement
de terre. Un disque expérimental à expérimenter pour sentir le confort
de l'abstraction.
http://doc.test.at
Voodoo
Muzak, "Brouillarta" (Amanita records)
Pochette
lumineuse, attirante". Brouillarta", un nom énigmatique
pour le sixième album de Voodoo Muzak, successeur du rocambolesque
"Mambient". Gardant un goût prononcé pour les percussions,
le groupe crée des univers insensés, attractifs et chaleureux.
Le
premier morceau est une extraordinaire escapade schizophrène, un
lever de rideau qui tient en haleine subtilement, treize minutes rares,
bref, un départ idéal. La suite souffre un peu de la comparaison avec
ce titre, mais reste largement agréable, puisant sa force dans un
pouvoir évocateur nouveau.
"Brouillarta"
fréquente évoque The hylozoists, Pele et Do Make
Say Think, avec un côté plus tribal, plus brutal, plus entier.
www.amanitarecords.com
Calexico,
"Feast of wire" (City Slang/Labels)
Quatrième
et sublime album réussit là par Joey Burns et John Convertino. Les
deux Tucsoniens alternent, toujours avec ce même savoir faire, des
instrumentaux dignes d'Ennio Morricone et des compositions pop soignées
et envoûtantes, livrant même deux de leurs tout meilleurs morceaux,
"Sunken Waltz" et "Black Heart". Visuel et abrasif,
un album important.
http://www.cityslang.com/
V/A,
"Out of Our Heads on Skelp"
(Chemikal Underground)
Compilation
indispensable retraçant les huit fructueuses années du label écossais
Chemikal Underground. Retrouvez le 'first big week end' d'Arab Strap,
'like herod' de Mogwai, 'Pull the wires from the wall' des Delgados
et faites connaissance avec les groupes moins connus du label: Aereogramme,
Suckle, Cha cha cohen. En prime, un inédit d'Arab Strap et un morceau
caché….
www.chemikal.co.uk
Maja
Ratjke, "Voice"
(Rune Gramofon/ECM)
Rencontre
extraterrestre et expérimentale.
La voix de la Norvégienne Maja Ratjke est déstructurée, accélérée,
ralentie, bidouillée et agrémentée d'une musique électronique minimaliste.
Un travail intéressant.
www.runegrammofon.com
April
March, "Triggers" (Tricatel/Wagram)
Pop
sucrée franchement ancrée dans les années 60. Aidée par Bertrand Burgalat
et AS Dragon, largement inspirée par Gainsbourg, l'américaine la plus
française livre d'excellentes ballades mélancoliques, des titres majestueusement
orchestrés et réussit son album le plus homogène.
Asian
Dub Foundation, "Enemy of the Enemy"
(Labels/virgin)
A
défaut de se renouveler,
Asian Dub Foundation nous sert ses tubes sous tension avec la même
rage et la même envie.
Noter
les extraordinaires "Enemy of the Enemy" et "Fortress
Europe".
On
notera également le retour gagnant de l'homme à la barbe, alias Bonnie
Prince Billy pour un Master and Everyone profond et épuré, proche
de l'unique i see a darkness, paru en 99. Son label Domino connaît
actuellemnt une activité particulièrement intéressante, notamment
grâce à l'album éponyme de Loose Fur, projet
pop emmené par le visionnaire Jim O'Rourke, et au nouvel opus de Folk
Implosion, détenteurs de sublimes ballades de…folk.
La
pop mélodique et mélancolique de Greg Weeks
(Slightly West EP sur Acuarela / Poplane) offre un refuge idéal à
vos errements intérieurs, à vos désirs sexuels enfouis.
Une pochette osée et une dédicace à tous les gens nus, où qu'ils soient.
De
Suède, c'est une pop aérienne et classieuse qui nous parvient avec
Träd gräs och Stenar. Passé la bizarrerie du
chant en suédois, vous vous laisserez prendre par de longs, mais pas
ennuyeux, passages instrumentaux. L'album "'Ajn Schavjn Draj"'
est très agréable. (www.silence.se)
Pour
danser intelligemment, je vous conseille The Soft
Pink truth, projet d'une moitié de Matmos. Une collection de titres
savamment travaillé pour s'ancrer dans vos esprits et dans vos pattes.
Si au contraire c'est l'abstraction qui vous attire, jetez vous sur
la réédition de 'Addy en el pais de los frutas y los chunches' (Alien8Recordings)
de Franciso Lopez ou sur l'electronica de Vessel.
F. Lopez est un des fleurons de l'ambient expérimental et livrait
en 97, trois longues plages enchanteresses. Vessel évolue dans une
sphère plus classique de l'electronica, mais se distingue sur son
album "Dreaming in Pairs" (Expanding records) grâce à sa
capacité à retenir l'attention la plus vive de l'auditeur sur toute
la durée d'un album.
A
noter enfin, "Storm" (Monopsone/Chronowax), single d'Alexander
Perls (ex-Piano Magic et moitié de International Icebreaker):
ludiques, jouissifs, cousins de Kraftwerk, les cinq titres se dévorent
d'une traite.
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