Kick out the Jam, Mista Y2K2
 

HRSTA
"L’éclat du ciel était insoutenable"
(Fancy/Alien8recordings)

Les projets adjacents à Godspeed You Black Emperor !  continuent à fleurir. Mike Moya, membre fondateur de ce groupe culte mais aussi de Molasses, se lance dans HRSTA (« heurstah »). Si l’on retrouve une atmosphère proche de celle de GYBE !, ce n’est que lointainement.

Ici, il s’agit d’une musique plus introspective qu’expiatoire ; le format de quinze morceaux est un affranchissement à lui tout seul, autant que ces réelles chansons aux allures pop folk classique. Chansons néanmoins singulièrement émouvantes, portées par une voix entre une Marianne Faithfull et une Lhasa de Sela (Lhasa) au masculin. Ainsi, Lime Kiln et Lucy’s sad comptent parmis les meilleurs représentants d’un folk hypnotique, chargé de confusions et narrant des textes noires.

Une destruction plus endémique, également déclenchée par ces thèmes instrumentaux aux envolées cachées, à l’instar du titre introductif (« l’éclat du ciel était insoutenable ») ou du pessimiste « to be losers ». Pas de folie des grandeurs, pas de rock progressif, un disque reflétant l’extrême éloignement pris par rapport à Godspeed, tout en retrouvant cette même magie, et cette même envie, aux sortires du disque, de crier : « Je viens de découvrir quelque chose de fort, de très fort.»

A écouter, notamment, Molasses, trilogie : toil & peaceful life (Fancy), disque à caractère religieux, on le retrouce pendant 8 minutes, en boucle, les cloches de le cathédrale de Montréal.

www.alien8recordings.com

 

Viva las Vegas
"Viva las Vegas"
(Acuarela/Poplane)

José Luis Aguado et Frank Rudow, chanteur et batteur de Manta Ray, se retrouvent en duo chez Viva las Vegas. Une réelle émancipation, pour se délivrer d’un album surprenant, entre folk traditionnel et escapades instrumentales infaillibles, pour se délivrer d’un disque innovant et charmeur.

Le premier atout de ce groupe hispanisant est d’initier des chansons qui touchent là où il faut, en obligeant l’auditeur à une quasi méditation. Une guitare, lente et savoureuse, maniée à la manière de Dominique A., plante un décor à la fois lo-fi et cinématographique. On croirait « Despiertate, pequeño problema » (disparaît, petit problème) et « Por que te escondes del amor » tout droit sortis du répertoire de Dominique A., écrivant pour Francoiz Breut.

Les morceaux sont basés sur une structure qui varient peu, mais qui hypnotise littéralement. On évolue sur les terres de Come (et surtout de Thalia Zedek), de Royal trux et de Low, revus et corrigés à la manière européene.

Les textes, quant à eux (en anglais et en espagnol), relèvent d’un poésie assez simple mais sincère, retraçant l’univers d’une personne perdue au milieu des sentiments humains. La voix d’Aguado, grave, n’agresse jamais et reste en retrait par rapport à la musique, comme par pudeur. Les touches d’électronique (3.14 et Automato) singularisent le duo et sont parsemés avec intelligence.

Comme les groupes cultes dont ils semblent s’inspirer, Bedhead, Codeine (le premier single de Viva las Vegas était partagé avec Chris Brokaw, membre de Codeine), Viva las Vegas initie une addiction insensée et détient des moments trop rares.

www.acuareladiscos.com

 

Kamido : tu
"Sw_u"

(autoproduit)

L’electronica est une famille aux multiples facettes. Certains membres jouent particulièrement sur le mélodique ou sur l’hypnotique, d’autres sur le peu accessible.

Kamido : tu, un parisien nouveau venu dans cette jungle dont peu ressortent vivants, s’illustre grâce à un mini album futé. Mélodies et rythmes déstabilisants (on pense parfois au Amber d’Autechre, référence en la matière), Sw_u ne tombe jamais dans des excès de confiance ni dans le snobisme.

Un ensemble auquel on reprochera un peu le manque d’unité et d’innovation, malgré un « Akakiu » (assemblage sonore mettant en scène un xylophone entêtant) et un quasi dansant  « Kiano » de toute beauté.

Kamido : tu : Jkwuti@aol.com

 

Ayr Unit and Midwich
"The happiest music on earth"
(Bake records/Import)

Un titre à prendre au second degré pour cette association entre Ayr Unit, formation écossaise et Midwich. The happiest… est un disque phénoménal, une fresque qui commence par le silence et finit dans une cacophonie sans nom, ou règne une électronique épique.

 Trois morceaux ; 1 : boucle ressassée comme un chewing-gum sans fin et très goûtu, une sorte de levée du soleil, annonçant l’apocalypse ; 2 : l’apogée d’un violon lointain, accompagné d’onomatopées organiques donnant vie à cette corde sensible ; 3 : ressemble plus franchement au Ayr Unit de « The moving finger… », commençant et finissant dans une violence exutoire.

Le tout donne l’impression de voire Flying Saucer Attack, Labradford et Mogwaï pour un mariage à trois harmonieux, pour un délire post-rock-electro destructeur. Ayr Unit et Midwich, un très grand travail en commun, d’intérêt général.

Ayr Unit : www.mouthmoth.go.to
Midwich : website.lineone.net/~fencing.flatworm/
Bake records: www.staalplaat.com

 

Explosions in the sky,
"Those who tell the truth shall die,
those who tell the truth shall live forever"
(Temporary Residence Limited/Import)

L’inconnu effraie. Les inconnus d’Explosions in the sky jouent une musique effrayante, ébouriffante. D’emblée les Texans s’imposent avec des guitares violentes, avec un rock instrumental de haut calibre.

Comparable aux premières moutures de Mogwaï,"Those who lie"  se composent de morceaux progressifs durant lesquels sont alternés accords de guitare hypnotiques et cacophonies mélodiques. Les lignes de basse rappellent celles d’Arab Strap alors que la guitare est menée à la manière d’un Sonic Youth ou d’un Dinosaur Jr. Une alchimie parfaite.

Le trèsgodspeedien "Have you passed through this night" ?  est un réel appel à la folie et à la démesure : une bribe de discours annonce des montées en puissance uniquement croisées chez les meilleurs élèves d’un post rock en plein boom. Le disque s’incruste en l’auditeur pour le traumatiser profondément, et ne laisse aucun répit pour se sortir de ce monde tourmenté. Du chaos, de l’apocalypse, Explosions in the sky éclot dans un costume serti de diamants.

Rate :

http://www.temporaryresidence.com

 

Owen
"Owen"
(Polyvilny Records/ Import)

American football, groupe de folk-rock US, n’a jamais trouvé d’écho sur le vieux continent. Mike Kinsella, guitariste, s’est lancée à la mort du groupe dans un projet égocentrique (puisqu’il y fait tout : instruments, voix, écriture, production, mixage…), Owen. Un égocentrisme louable parce qu’il n’ a pas voulu trahir ses maux, pour mieux les exorciser, pour mieux nous les narrer.

On se délecte ainsi de compositions électroniques omniprésentes, se mariant avec un folk sophistiqué et une voix équilibrée, laissant transpirer d’évidentes souffrances. On aperçoit sur le bord de cette route abîmée Bonnie Pince Billy et Songs : Ohia.

On n’arrive cependant à profiter de la magie de ce disque qu’au bout d’un certain temps.Dead men don’t lie  etThink about it  sont indéniablement cruciaux, tant on y sent cette tension et cette intimité qui font les grands disques.

Rate :

http://www.polyvinylrecords.com

 

Sonna,
"We sing loud, Sing soft tonight"
(Temporary Residence limited)

Quand on s’interesse à la liste des groupes dont Sonna à fait la première partie (The Black heart procession, Gosdpeed, Will Ohldam), on ne peut qu’être impatient de s’immiscer dans leur musique.

Les deux guitares récitent des thèmes cycliques, accompagnées par un piano et une basse discrets mais indispensables. Le chant se fait rare, à la manière d’un Low, mais essentiel. Un minimalisme calme, cachant une musique assez complexe, assez sombre. Des mélodies menaçantes, troublantes, qui n’auraient jamais vu le jour sans Sonna.

Le disque est rempli d’évocations personnelles, (l’implacableSing soft tonight ), où l’on retrouve des impressions de solitudes, comme losrqu’on regarde par le fenêtre la pluie qui tombe. Dans un registre proche de Aerial M, Codeine et Yo la Tengo, Sonna s’illustre et se fait remarquer grâce à des détails difficilement identifiables mais qui  fendent l’âme en deux.

http://www.temporaryresidence.com

 

Kepler,
"F**k, fight, fail"
(Troubleman unlimited/Import)

 L’année touche à sa fin (on est le 31/12), et je m’aperçois que je n’ai pas encore parlé de ce groupe canadien, et donc d’un des tout meilleurs albums de ces douze derniers mois.

Kepler, penchant essentiellement pour un rock minimaliste, se situe entre un Will Ohldam désabusé et un Mogwaï lunatique. Des paroles franchement sombres (« There’s blood on the sidewalk, bones behind the garbage ) illuminent une lente procession musicale, nous  dirigeant vers des lieux enfumés et spectraux.

La voix écorchée se fait vite familière, et chaque note jouée, au piano, à la guitare, ou par des cordes à fleur de peau est un véritable appel à la méditation. Les aspirations post rock du groupe se retrouvent lorsque le quatuor laisse ses instruments prendre le dessus pour des minutes instrumentales de haute volée.Upper Canada fight song et « The changing light at Sandover sont construits autour de ces instants de magie et sont les recoins chaleureux de ce disque frissonnant et larmoyant.

 

Bathyscaphe,
"Road Movie"
(Lykill records/Chronowax)

Un label associatif  du Doubs sort son premier CD, et dévoile un groupe parisien qui a fait ses armes en réalisant plusieurs B.O. de cours métrages.  Le nom du groupe et celui de l’album évoquent tous les deux une évasion, horizontale pour le premier, verticale pour le second. Peu étonnant alors que l’univers du groupe soit celui d’un abstrait remplis de paysages  offerts à nos oreilles.

Car si on parlera de musique cinématographique, on parlera surtout d’une sorte de B.O. atemporelle, pouvant illustrer des moments aussi variés que personnels. L’impression d’être dans un train et d’observer les décors qui défilent et l’on repense alors à de vieux souvenirs enfouis. Une électronique discrète accompagne des instruments rocks pour mieux servir un post rock singulier : accents bruitistes, aspirations répétitives, crescendi expérimentaux…

On notera des similitudes indéniables avec le Tortoise première mouture, avec Silo, mais surtout avec des sons intérieurs à nous-même. Bathysaphe signe un album sans controverse possible et emboîte le pas d’un label en devenir.

voshkod@wanadoo.fr

 

Brando,
"The headless horseman is a preacher"
(Talires Records/Poplane)

Brando évoquera à certains l’ancien joueur de l’OM, à d’autres le fameux Marlon, mais ici il s’agit bien du groupe Brando.  5 Américains de l’Indiana qui séduisent grâce à une pochette rothko-esque prometteuse.

Mais, en se jetant dans le disque, on s’aperçoit bien vite que rien d’essentiel ne sera inventé. On est en terrain banalisé, celui d’une pop indépendante tentant de se racheter un costume, entre folk lo-fi et pop traditionnelle.

L’album livre cependant moult idées ingénieuses et quelques morceaux essentiellementguitares  etpiano  qui plairont à bien des difficiles. Derek Richey, le chanteur, à une voix particulièrement nasillarde et aiguë qui ne laissera pas indifférent.

D’agréables titres bricolées sur un quatre piste succèdent à des morceaux psychédéliques de qualité (« Pilot of the ship , par exemple) ; toutefois,  l’album ne trouve pas la luminosité suffisante à notre réel engouement, d’autant que des thèmes commethe lazybeats  oudriving your point  frôlent l’imbuvable.

 

Matt Pond PA,
"The green fury"
(Polyvinyl Record/Import)

Totalement méconnus en France, les six acolytes qui forment Matt Pond PA sortent pourtant leur troisième album, "The Green Fury".  C’est un groupe de rock-indé qui a intégré en son sein deux violoncelles, dont celui de Eve Miller, membre des Rachels. De quoi créer une identité propre au groupe , qui séduit d’emblée surCanadian Song , grâce à des arrangements subtils et une mélodie tranchante rappelant Mark Eitzel. Les thèmes évoquées sont tantôt récurrents (le silence, l’absence, les tumultes intérieures…), tantôt surprenants (l’urbanisme, la ville comme dans City Plan et A new part of town ).

Un chant et une voix (celle de Matt Pond, la tête pensante du groupe)  particulièrement accessibles et proches contrasteront parfois avec le manque d’originalité de certains titres (« Measure 3 ,Promise the bite ). Cependant c’est la fin de l’album qui enchantera littéralemenent ; une guitare acoustique décisive et centrale (« This is Montreal ), et surtout des morceaux emprunts de nostalgie de grande qualité. Les sublimesJefferson ,Cricket  etCopper Mine  sont imparables et incomparables.

http://www.polyvinylrecords.com

               

The Notwist,
"Neon Golden"
(City Slang/Labels)
Console,
"Live at Center Pompidou"
(Payola)

Si on regarde deux albums en arrière, on peut constater que les allemands de The Notwist ont changé. "12", sorti en 1995, est un album de noisy pop passé inaperçu (et pourtant remarquable) qui ne présageait aucune évolution vers l’électro pop. En fait c’est l’intrusion d’un dénommé Martin Gretschmann qui a bouleversé l’existence du groupe, car celui-ci était un féru d’électronica. La digestion de ses aspirations s’est faite sur "Shrink" (1998), qui s’est tout de suite imposé comme un album atypique car précurseur. On y retrouvait cette voix un tantinet rauque, des guitares, une batterie et une musique électronique qui aurait pu se suffire à elle-même.

Parallèlement, M. Gretschmann mettait sur orbite son propre projet, Console, avec l’album "Rocket in the pocket "(1998), un peu décevant mais comportant des idées ingénieuses et un tube en puissance Fourteen Zero Zero .

Fin 2001, Console refait son apparition avec un album en public, enregistré au Centre Pompidou. Console a changé, en beaucoup mieux. Purement instrumental, ce live est un nid d’assemblages sonores prenants, de boucles précieuses, de moments forts. On est plus dans l’esprit Autechre, Rechenzentrum, mais en beaucoup plus mélodique et donc accessible. Le premier titre (« Thorax ) est parfait et introduit l’album à merveille, avec ce mouvement répétitif, évoquant des grillons dressés, auquel se greffe des bidouillages fort à propos. Tout l’album est du même acabit et  séduit sans fausse note.

A l’instar de Console, on attendait beaucoup du nouveau Notwist, "Neon Golden", bénéficiant d’une diffusion plus large et d’un accueil journalistique de plus grande ampleur que ces prédécesseurs. Ce digipack séduisant, de couleur rouge, se remarque bien dans les magasins de disques. L’album, au premier abord, est plus pop, moins fou que Shrink et la voix, plus travaillée, à un peu perdu de son charme. Toutefois, l’inventivité est là, et on tient là un album dépassant bien des productions. En fait, le tord de cette album est de sortir après "Cold House" de Hood. Les similitudes sont flagrantes, surPick up the phone  et surOne with the freaks , où l’on a vraiment l’impression d’entendre des inédits de Hood, à la différence qu’ aucun rappeur n’est invité sur "Neon Golden". L’intervention de cordes est par contre fortement appréciable (« Solitaire ), et grandit l’impression que l’on a du disque ;  Neon Golden est malgré tout un bon album.

THE NOTWIST - Rate :
CONSOLE - Rate :

 

Stars of the lid
"The tired sound off
(Kranky)

Etoiles dans la galaxie out-rock / post-rock, les Américains de Stars of the lid n’en sont plus à leur premier coup d’essai. Proches musicalement et humainement de Labradford, avec qui un projet commun a vu le jour l’an passé (Aix Em Klemm), ils nous offrent un double album lumineux, à l’image du digipack chaleureux, représentant une sorte de soleil vu de très près.

Les habituels violons, piano et guitare se lovent autour de compositions électroniques décisives. Approchant le silence, les boucles créent une atmosphère lugubre et fantomatique. Le sublimeMullholand  aurait pu servir de B.O. au dernier film de David Lynch, tant les mélodies appellent au mystère et à l’imagination.

Rate :

 

Savoy Grand
"Burn the furniture"
(Glitterhouse records)

Dans l’ombre des grands groupes pop britanniques demeurent des formations talentueuses n’arrivant pas réellement à se faire un nom. Signés sur une structure allemande, les quatre membres de Savoy Grand se sont formés à Nottingham et oeuvrent depuis 1997.

En soignant l’esthétisme de leur pochette, ils ont su attiré l’il autant que leur musique attire l’oreille. "Burn the furniture" est un album sombre, aux contours phosphorescents. Des textes narrant les frustrations, les désespoirs, les espoirs, les regrets et les pertes d’une vie accompagnent trompette, guitare acoustique et éléments organiques sur des morceaux épiques rappelant à notre bonne mémoire les bonheurs d’une pop orchestrée raffinée.

Le dernier titre,Face down in the fountain , représentatif de leur son et de leur féerie révèles les capacités du groupe et augure de la dépendance des auditeurs à la voix fragile de Graham Langley. On peut le dire : Savoy est grand.

Rate :

http://www.glitterhouse.com

 
MP3.com en Français

News | Labels | Sélection | Dossiers | Chroniques | Photos | Sons/MP3 | Netradio |Sommaire | Contact
C in a circle SoitDitEnPassantEntertainmentWorldwide company.