Bookmark and Share

Une Interview avec A SILVER MOUNT ZION
3 Mars 2003, Bikini, Barcelona, Es
Questions : Nioolae

         

Emule précieux de la passionnante maison de disque Québecoise Constellation Recordings, A SILVER MOUNT ZION est l’un des rares hybrides capable de tracer dans une industrie musicale bétonnée un petit sillon en satin. Gorgée de talent, la formation menée par le (bientôt) charismatique Efrim, noie un public européen dans une marre mélodieuse riche en émotions.

Rencontre avec le poilu frontman Canadien…

 

Pendant trois mois, le groupe A SILVER MOUNT ZION parcours l’Amérique du Nord, l’Europe et même la Russie. Cela à raison d’un concert par soir… Y a de quoi devenir anthropologue non ?

Efrim (chant, guitare) (étonné) euh… oui. Toutes les nations sont différentes. La plus grande cassure reste malgré tout selon moi entre les deux continents…

Bien, mais si nous prenons « l’interaction public-groupe » comme le degré d’évaluation d’un concert (on se fout du son, des lumières, etc). On peut malgré tout noter des différences…

Des fois c’est difficile.

Les gens on pour habitude de réagir à la musique comme s’ils mattaient la télévision. En pensant pouvoir zapper de chanson, de groupe, de voisin comme pour un programme télévisuel. Selon moi, beaucoup trop de personne sortent voir un concert avec cet état d’esprit. Ca devient de plus en plus a chier.

Ca ne peut que déteriorer une communauté sociale déjà fragile.

C’est pourquoi, pour répondre à ta question : oui, c’est parfois  compliqué avec le public d’autant plus qu’on a pas de costurme ou de parade pour le divertir. On est plus a sa mercie.

C’est d’autant plus difficile dans des grandes villes où plusieurs évenements ont lieux simultanément…

C’est une des grandes problématique lorsque la musique devient comme Ikea, quand on a trop a choisiir. Cela renforce d’ailleurs ce que je disait concernant l’attitude télévision. On veut rapidement et proprement consommer de la musique.

Avec votre notoriété aquise, vous pourriez maintenant vous « offrir » des endroits plus intimes.

Nous ne sommes pas très difficiles, nous jouons n’importe où… Nous aimons certains endroits que nous connaissons bien en Europe, on y retourne chaque fois avec enthousiasme… Etre intime n’est pas vraiment une nécessité.

D’accord, mais des salles telles le Bikini à Barcelone ou la Rote Fabrik à Zuerich sont particulièrement neutres, asseptisées et trendy… Pas vraiment comme la musique de A SILVER MOUNT ZION.

C’est vrai que c’est particulièrement asseptisé. En ce qui me concerne, je préfère nettement plus jouer dans des clubs de 200 personnes. A dimension réduite mais humaine C’est d’ailleurs c’est plus cool de jouer 3 fois dans une petite place que 1 fois dans une grande.

Une autre chose importante est l’alcool. Je ne déconne pas en disant ça, mais en ce qui me concerne j’aime bien pouvoir boire une bière avec mes potes pendant un concert. Me divertir en somme. Chose souvent rare malheureusement.

Et les gens bourrés qui parlent durant les concerts dans ce cas ?

C’est vraiment pas grave, c’est même bien. Je ne suis pas d’accord avec cette ideé de devoir se taire non stop durant des concerts.

Tu parles pas comme un Ââartiste.

Je ne crois pas être un artiste, je ne saurais même pas te dire ce que c’est…(sourire)

Un anarchiste alors.

Oui, je parle comme un anarchiste car je ne comprend pas pourquoi il faut venir voir un groupe dans une grande salle, se taire, faire semblant d’être codifé dans un aspect formel. Non ! On peut très bien voir un groupe dans un bar et rester naturel.

Pour moi, un concert consiste a écouter de la musique en oubliant la vie quotidienne, ou au contraire en y pensant… En fait, voir un concert est une véritable activité sociale.

Cependant, il est évident que les choses vont de mal en pis car il est de plus en plus dur de trouver sa place dans l’univers musical.

Et que penses-tu des clubs qui font payer des entrées monstrueuses ? (18 Euros par exemple à Barcelone)

Il n’ont absolument pas besoin de faire ça !! C’est une putain de raison commerciale que je ne comprends pas.

Au Canada on joue souvent dans des petits bars. Le principe est simple : tu proposes au patron de jouer, tu t’occupes de tout et en contrepartie le public venu te voir boit beaucoup. Le deal est bon car tout le monde trouve son compte.

Ce principe marche bien chez nous, mais il est possible qu’en Europe il ne soit pas envisageable.

Mise à part en France, tu admets malgré tout que vous jouez dans des clubs propres et fortement bureaucratisés… loin du principe canadien.

Je sais, c’est un gros problème. Le plus horrible est ce genre de « Centre Culturels » récréatifs destinés à la jeunesse.

Tu trouves ça notemment dans les pays Scandinaves.

Mais que veux-tu, nous aimons malgré tout jouer là où les gens prennent plaisir à nous recevoir.

Et jouer dans des festivals dans ce cas…

Non, on refuse net ! Je déteste le concept de festival car il coupe toute créativité possible, c’est du formatage !

Et je parle également des festivals cinématographiques, théatraux, etc…

Et ce genre de festival comme les ATP, où Mogwai va jouer avec tous les membres de Rock Action Records ? D’ailleurs vos confrères de Polmo Polpo vont y jouer… ca ne vous tente pas à l’échelle Constellation ?

Ca dépend de l’endroit.

Il y a une importante différence entre les « Indoors festivals » tel le « All Tommorow Parties » et les « outdoors ».

Ce que je n’aime absolument pas c’est du style : SunshineParty Festival… c’est…(il cherche ses mots..)

A-Politiques?

Oui, entre autres.

Imagines : A Montréal la population est majoritairment francophone n’est-ce pas ? Cependant il existe une petite librairie anglophone que j’adore et qui possède de magnifiques livres. Le choix y étant restreint, les livres que tu sélectionnes prennent une ampleur et une connotation spécifique. C’est comme pour les festivals. Tu me suis ? Si l’offre est rare et bien faite, l’effet lui est garanti.

En tournées, est-vous tentés de trouver une inspiration dans la musique locale.

Cela dépend, y a quand même des pays où la musique traditionnel est terrible !! (rires)

C’est quelque chose d’assez vicieux. Par exemple en ce qui me concerne j’adore la musique albanaise. Je suis honoré si on me joue de la musique albanaise, par contre je me vois mal l’incorporer dans ma musique…. Elle perdrait de son sens.

A ce sujet, une nouvelle scène voit actuellement le jour en Europe. Il s’agit des Balkans. Serais-tu interressé d’y aller ?

Avec Godspeed You ! Black Emperor on y a joué, c’est effectivement cool de pouvoir aller dans les pays de l’Est. Nous allons durant cette tournée en Russie. C’est clair que les conditions sont encore précaires, je pense par exemple au groupe No Means No qui a vu son matériel être kidnappé en Pologne. Il ont dù payer une rançon de plus de 5000$ !! Mais bon, ça peut arriver n’importe où en fait. Ce qui me dérange plus c’est que j’ai l’impression que tu ne joues pas pour la vraie classe populaire moyenne, mais pour des gens qui ont des revenus financiers douteux…

On revient à ce que j’apprécie dans le système du Canada …

Tous ces concerts permettent d’avoir une vie intime ?

Ca c’est ma vie. C’est clair que défois je me dis que je devrais m’acheter un chien ou des trucs qu’on assimile à la vie de tous les jours…. Avoir une famille aussi….

Des choses ordinaires…

Oui, c’est plutôt ça. Mais c’est vraiment pas pour l’instant un besoin que je ressent.

Votre musique est relativement innacessible au niveau de la grande écoute… On ne peut les entendre que très (très) rarement sur les radios (voire jamais), c’est pourquoi ma dernière question peut parraître conne, mais pourquoi acceptez-vous de donner des interviews ?

Hmm, c’est une bonne question. Un peu compliquée…

La plupart du temps, on nous pose des questions très courtes et répétitives afin pour compléter les blancs ou des petites colones dans les magazines. Du genre : « quels disques vous écoutez en ce moment, comment avez vous enregistré votre dernier lp, etc… »

Dans une rencontre comme celle-ci, ce qui est intéressant, c’est que tu peux échanger des opinions, il y a des interactions. Je crois que c’est principalement pour ça qu’on fait des interviews : pour échanger et communiquer des idées. C’est aussi un moyen comme un autre d’apprendre.

En ce qui concerne les mass médias, je ne suis pas assez informé pour en parler. Je suis canadien, je peux éventuellement parler des mass médias de mon pays, mais je ne crois pas être suffisament habilité pour critiquer ceux d’Europe.

Chez nous, les médias comme la télé ou la radio couvrent assez bien les événements… Mais encore une fois, nous sommes détachés de tout ça. Nous ne sommes pas des personnes qui s’identifient à une culture ou une génération précise. Nous vivons au Canada, mais nous sommes des Humains.

Vos albums sont dans ce cas un peu la personification de votre pensée ?

Dans quel sens ?

Dans le fait qu’il ne sont pas identifiables par un code bar, un numéro de série. Ils sont « libres » en quelque sorte…

C’est vrai, on peut voir cela dans ce sens. Si nos lp’s sont ainsi c’est tout simplement dû au fait que nous aimons les disques et que nous jugeons complétement ridicule d’imprimer un gros code barre dessus alors qu’un simple auto-collant suffirait. Je ne parle même pas du Copy Control…

C’est malheureusement ce que les grosses industries « musicales » ne veulent pas comprendre.

Nicolae

www.cstrecords.com

 
 
MP3.com en Français

News | Labels | Sélection | Dossiers | Chroniques | Photos | Sons/MP3 | Netradio |Sommaire | Contact
C in a circle SoitDitEnPassantEntertainmentWorldwide company.