Une Interview avec CALLA,
Paris, L'Elysée Montmartre, mars 2003
propos reccueillis par
Quentin Dève
         
 

L'Elysée Montmartre est encore vide. Dans une heure, Calla entrera en scène, pour confirmer l'excellente impression laissée sur leur dernier album, "Televise" (Talitres). Le concert séduira la foule venue en masse pour Interpol, la tête d'affiche de la soirée. Certaines personnes, croisées ça et là, regrettent de n'être arrivées qu' "au dernier morceau".  Un concert court pour Calla (une demie heure), mais efficace et émouvant bien que frustrant à cause de la durée…

Mon Mini-Disc me lâche quelques minutes avant l'interview, mais le groupe accepte de parler lentement pour que je prenne des notes, je les en remercie!

 SDEP: Comment définiriez vous Calla?

Aurelio Valle (chant / guitare): Nous sommes un groupe qui se situe à la croisée d'influences très variées. Si nous jouons du rock, c'est dans un esprit qui s'apparent parfois plus au hip hop ou aux musiques électroniques.

Wayne Magruder (batterie): On ne cherche pas forcément à être définissable. On aime ce côté impalpable, ce mélange des genres. Mon jeu de batterie est influencé par le hip hop, mais aussi par la musique traditionnelle africaine.

SDEP: Vous semblez vous efforcer à créer des atmosphères propres à chaque morceau…

A.V.: En fait, le processus s'inverse, ce sont les chansons qui créent elle même leur espace, et nous habillons cet espace à notre manière. Nous aimons l'idée qu'il puisse y avoir un esprit qui habite le disque.

Sean Donovan (basse / claviers) : ces atmosphères sont également le fruit d'un désir accru d'expérimenter certaines choses, de laisser s'évader nos idées cachées. L'intégration d'éléments électroniques permet d'imager notre musique et de lui donner un environnement. On est même parfois proche d'une musique ambient!

SDEP: Quelle est la place de la voix dans votre musique?

W.M.: Elle est mise en avant, en quelque sorte. C'est la première chose que les gens repèrent…

A.V.: je dirai plutôt qu'elle sert de squelette à nos morceaux. Les paroles sortent de ma bouche, et à partir de là, on crée la musique autour.

W.M.: Parfois, on ne garde finalement que la musique, on efface les paroles, et Aurelio en écrit d'autres…

SDEP: Vous êtes des Texans émigrés à New-York. Comment vous situez vous par rapport à ces deux scènes, et par rapport au revival rock de ces dernières années?

S.D.: Ah bon! Il y a une scène au Texas (Rires)? En tous les cas, on en fait pas partie. On ne fait d'ailleurs partie d'aucune scène.

A.V.: Ca fait huit ans qu'on est à New York. Je ne me sens pas du tout proche de groupes comme les Strokes. La seule chose vraie, c'est que le Texas et New York influencent directement notre musique puisque nous y vivons ou nous y avons vécu, mais nous n'aimons pas ces nouveaux groupes rock.

SDEP: Pensez vous que Televise, votre nouvel album, va vous permettre de connaître le succès en Europe?

A.V.: (rires) Tu crois qu'on a du succès aux Etats-Unis… En fait, on a toujours eu plus de succès en Europe, notamment en France et en Belgique.  Mais avec Televise, on à l'impression d'avoir conquis enfin le public anglo-saxon.

S.D.: On espère en tous les cas ne pas perdre notre public en Europe et en gagner ailleurs.

SDEP: Qu'attendez-vous de cette tournée  et des concerts en première partie d'Interpol?

A.V.:C'est du bonus pour nous. Nous les connaissons bien, nous partageons des goûts, des envies, même si nous ne jouons pas la même musique.

W.M.: Nous avons joué plusieurs fois avec eux aux Etats-Unis, et c'est vrai que ça nous permet de toucher un public important, qui n'est pas forcément le notre au départ. On aime jouer avec nos amis, et nous prenons le même plaisir à jouer avec Interpol qu'avec nos potes des Walkmen.

SDEP: Et ces premières parties de Sigur Ros, de Godspeed you! Black Emperor  ?

A.V.: Des sacrées expérience. A Montréal, avec GYBE, il y avait une foule incroyable, une ambiance géniale. Même si le public attendait Godspeed, une grande partie a été captivée par notre set, et ça c'était un excellent point pour nous.

W.M.: Ca nous permet de ne pas rester cantonner à un seul public. On ne joue pas les mêmes concerts chaque soir, on essaie de s'adapter. On avait étiré nos morceaux au maximum, et je me souviens d'avoir personnellement  atteint une sorte de transe en jouant Mother Sky (NDLR: une reprise de Can que le groupe a enregsitré sur un EP partagé avec The Walkmen, joué par le groupe en concert). C'est peut être prétentieux de dire ça, mais on a le droit d'être content de soi parfois, non?

SDEP: Comment vivez-vous votre situation d'américains à Paris en ces temps de tensions entre français et américains, en ces temps de guerre en Irak?

A.V.: On a pas réussi à bien suivre ce qui s'est passé ces derniers jours, ces premières incursions américaines en Irak. On regarde la télé française, et on comprend seulement les images. Tout ça ne me paraît pas trop différent que ce qu'il s'est passé il y a dix ans.

W.M.: Oui, mais tu oublies qu'il y a dix ans, "nous" avons chassé les Irakiens du Koweit, et que cette nouvelle guerre est liée au pétrole. Je suis contre cette guerre et m'attendais à plus de réactions anti américaines de la part des français. J'ai entendu qu'un Mac Donald's avait été saccagé hier à Paris…

A.V.: Aux Etats Unis, les actions anti-françaises sont effectivement plus fréquentes et sont injustifiées.

 

 

photos / interview : Quentin Dève : quentin@soitditenpassant.com       

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