Une Interview avec Don Nino
Le Pez-ner, Lyon, 05 Décembre 2001
propos reccueillis par
Céline Farvacque
         
 

Co-fondateur du label Prohibited, membre actif de nombreux projets (Prohibition, NFL3, …), Don Nino aka Nicolas Laureau s’est lancé dans l’aventure solo, avec l’album real seasons make reasons.

Il en ressort des chansons au format folk, auxquelles sont ajoutées des ambiances parfois sombres, ou teintées de couleurs jazz.

Shane & Don Nino
 

SDEP : A quand remonte l’idée d’un projet solo ?
Nicolas : mon endroit de prédilection pour faire de la musique est quand même ma chambre, et mon instrument préféré la guitare. Donc c’est comme ça que j’ai fait Prohibition, c’est comme ça aussi que j’ai écrit cet album.
J’ai choisi le nom Don Nino comme un jeu sur les mots, comme domino, ou bien avec une consonance italienne ou sicilienne ; c’est aussi une sorte de clin d’œil à mes origines espagnoles. Les gens ne le prononcent pas de la même façon selon leur interprétation.
Quant à l’album, je suis devenu père récemment, j’ai eu envie de porter moi aussi quelque chose à cette occasion.

Tu es passé de ton travail avec Prohibition, qu’on a comparé au « post-punk » américain, à un album qui sonne plus folk, avec parfois des influences jazz… Tu écoutes beaucoup de musique ?
J’aime bien le côté source intarissable de la musique…
Je n’ai pas beaucoup de disques chez moi, j’ai par contre énormément de listes : je demande aux gens que j’aime beaucoup des listes de leurs chansons ou disques préférés, dans la perspective d’être un jour millionnaire et d’acheter tous ces disques, des musiques que les gens que j’aime aiment.
J’aime aussi beaucoup les K7 que me font mes amis, comme dans « High Fidelity »… Quand on aime quelqu’un, on a envie de lui faire découvrir ce qui nous plait, un livre , une chanson, …
Dans ce que j’ai envie de faire écouter aux gens, il y a effectivement du jazz, John Coltrane, Miles Davis, … j’aime beaucoup aussi Syd Barrett, Bob Dylan, des chanteurs de blues aussi : le blues originel, qu’on peut rapprocher de la musique indienne.

La plupart des prises sur l’album sont live, était-ce une volonté dès le départ ?
Oui, l’enregistrement s’est fait de façon assez spontanée. J’ai travaillé avec mon frère, donc avec une totale transparence, et dans un confort qui est très rare.

Quelle est l’importance des textes dans tes chansons, les écris-tu avant la musique ?
C’est un processus aléatoire, soit tu as vraiment une idée de texte et tu trouves un arrangement de guitare adapté à ce que tu exprimes, ou bien au contraire c’est une ambiance musicale qui va générer un sentiment, qui te donnera envie de parler de certaines choses et pas d’autres. Ca fonctionne dans les deux sens.
C’est un peu une rencontre avec un deuxième soi, qui t’amène à la guitare, à moins que la guitare ne t’amène à lui.
Les titres de tes chansons semblent faire souvent allusion au temps…
J’ai un côté assez mélancolique, paraît-il. Il y a un aspect omniprésent dans les textes de mes chansons, par rapport au temps. Un ami m’a fait admettre ça, je suis un obsédé de la fuite du temps.

Lori & Shane

Y-a–t’il une heure de la journée à laquelle il vaut mieux écouter ton album ?
A chacun de voir, je ne veux déprimer personne…
On m’a dit que mon album était sombre, je ne suis pas d’accord. Pour moi il est introspectif, coloré, …
Je me suis limité, sur les trente chansons que j’ai écrites, j’en ai choisi treize, qui racontent un parcours, une histoire, ou qui expliquent le rythme des saisons.
Il y a des chansons qui sont franchement des ragga du matin, d’autres qui correspondent vraiment au soir.

Et en parlant de couleurs, tes chansons t’évoquent des paysages particuliers ?
Un paysage pas vraiment, mais c’est vrai qu’il y a toujours un univers mental approprié à une chanson. Sur scène je ressens toujours la même impression, ou couleur, associée à telle chanson.

La scène après l’album, tu appréhendais un peu, ou pas du tout?
J’ai fait pas mal de concerts tout seul, en Angleterre, en première partie d’Herman Düne, où les gens réagissaient très bien par rapport aux textes, ce qui m’a encouragé.
Puis j’ai fait cet album dans des conditions idéales, et pour l’adapter à la scène j’ai choisi mes musiciens : Lori [Chun Berg], qui a participé comme invité à l’album (batterie, trompette), et qui joue par contre sur scène piano et guitare, et Shane [Aspegren], un batteur américain (Songs :Ohio, Bright Eyes, …), en mélangeant les rôles, pour qu’ils apportent une dimension et une touche personnelle en plus.
Un mec tout seul avec sa guitare, il ne tient pas longtemps.

Tu as fondé le label Prohibited avec ton frère, tu peux nous en dire plus?
On a créé le label en 1994, mais la première sortie a été celui de l’album de Prohibition en 1995.
C’était avant tout la réalisation d’un rêve d’enfant : d’abord faire de la musique puis avoir un label. Mais c’était aussi surtout pour trouver des solutions face à une sous-représentation d’une scène existante à Paris. A la fin des années 80 il y avait à Paris des hordes de groupes passionnants et que personne ne connaissaient, et qui en plus se détestaient entre eux.
Nous on avait plutôt un état d’esprit collectif. On a créé un premier collectif (Jug) et on a organisé des concerts, et au troisième album de Prohibition on a créé le label, qui est devenu de plus en plus structuré, mais  qui fonctionne toujours de façon communautaire : chaque groupe apporte son capital artistique et financier. On ne veut pas devenir un gros label commercial, on tient à garder une dimension artisanale.

Comment envisage-tu la suite de Don Nino ?
Un album par an !

Interview réalisée avec Radio Campus Grenoble, merci !

Prohibited records :
http://www.prohibitedrecords.com/

 
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