Une interview avec Joseph Arthur
Clermont-Ferrand, juillet 97
par FunkyElvis

Rencontre avec Joseph Arthur, jeune songwriter plein de talents, révélé grâce au brillant premier album Big City Secrets (Realworld), avec des vrais bouts de folk urbain dedans.

A la veille d'enregistrer ce qui sera son second album, Joseph Arthur se montre détendu et rigolard, encore abasourdi de l'intérêt qu'il suscite en France. Nul n'est prophète en son pays, disait le prophète. Arthur, malgré son petit succès par chez nous, ne semble pas rencontrer l'accueil qu'il mérite chez lui, aux Etats-Unis " Je suis assez flatté que les gens s'intéressent à moi en Europe, mais c'est vrai que j'aimerais être plus connu aux USA. De toutes façons, je ne m'en inquiète pas trop : c'est un grand pays, ça prend du temps. Une graine a été plantée avec le premier album, on verra bien de quoi i'avenir sera fait ". Une bien jolie graine en effet, d'autant que les fées se sont penchées sur le berceau du petit Joseph, des fées aux noms prestigieux comme Lou Reed, Peter Gabriel ou encore Brian Eno qui chante (un petit peu) sur Big City Secrets. "C'était un concours de circonstances, Eno travaillait avec James dans le studio d'à côté. Marcus (Dravs, producteur de l'album - ndlr) le connaissait pour avoir travaillé avec lui, il l'a fait venir pour chanter sur un morceau. Ce qu'il a fait est génial mais je ne le connais pas trop... C'est pas comme si je l'avais appelé pour dire " Hey Brian, c'est Joe, j'ai besoin de toi pour taire les choeurs sur mon album " (rires). on avait découvert Joseph Arthur sur disque, mais c'est sur scène que la singularité de l'artiste s'exprime le mieux. C'est en effet seul avec sa guitare et son harmonica qu'il donne ses concerts, grâce à une technique très particulière de " sampling en direct" qui lui permet de construire des boucles rythmiques d'accompagnement. " je pense que c'est plus intéressant quand les choses peuvent mal tourner. Grâce à ma façon de jouer, c'est diffèrent tous les soirs, ça peut partir dans des directions différentes, Mais maintenant, j'ai évolué, j'ai envie d'avoir un groupe pour m'accompagner. "

Vous considérez-vous plutôt comme un artiste de scène ou de studio ?

Moi mon truc. c'est d'écrire des chansons. J'aime écrire des paroles, les mettre en musique et en faire dès chansons ! Ca n'implique pas forcément de les jouer sur scène. Je les joue parce qu'il faut bien promouvoir le disque. C'est assez bizarre de se déplacer le ville en ville pour les jouer tous les soirs, mais finalement j'aime bien ça. En fait, je n'écris pas mes chansons spécialement pour les jouer en concert, mais avant tout pour les enregistrer. Maintenant que j'ai beaucoup tourné, j'ai un nouveau point de vue sur mes morceaux, je vois comment les gens réagissent, Ca m'influence d'une certaine manière j'en apprends plus sur ce que je fais, sur quoi me concentrer...

Vous sentez-vous appartenir à une famille de songwriters américains actuels, qui inclurait des gens comme Vic Chesnutt ou Palace ?

Pas vraiment. C'est vrai qu'il y a dans ma musique des points communs avec celles de tous ces types, mais en fait, je suis assez branché par d'autres sons, comme le rythm'n'blues, Otis Redding, Prince, AI Green, mais aussi par des groupes comme Nirvana. Ces influences ne se ressentent pas sur mon disque, mais elles pourront être plus évidentes à l'avenir.

A quoi ressemblera votre prochain album?

Je vaudrais un disque moins produit que Big City Secrets, plus axé sur les chansons elles mêmes. A la base, je jouerai tous les instruments seuls : guitare, basse, batterie, piano. J'enregistre les bases, j'en fais une mise à plat que je fais écouter à des gens de l'extérieur pour voir s'il y a besoin d'autre chose, Les disques enregistrés par une seule personne peuvent sonner parfaitement bien, mais il y a parfois des petites choses qui manquent et qu'on ne peut pas vraiment identifier. C'est le cas sur mon premier album, et je ne veux pas que cela se ressente sur mon second.

Propos recueillis et traduits par FunkyElvis
(et d'autres types qui traînaient par là).