"Merde".

LES FRANCE CARTIGNY Les Meilleurs

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C'est le titre d'ouverture. "Merde". Quelle belle entrée en matière.

Cette semaine, j'ai le plaisir de chroniquer un album en français. C'est rare. Et c'est bien dommage. Mais derrière ces pieux regrets, reste toujours le même constat : il m'est difficile de trouver des albums en français dans le texte qui trouvent grâce à mes capricieuses oreilles.
Je suis comme ça, et certainement pas le seul. J'ai un mal fou avec les textes en français. C'est soit trop écrit, soit pas assez. On ne veut ne pas entendre des recueils d'alexandrins, mais pas plus qu'une plate rédaction sur la ballade au bord de l'eau de dimanche dernier. Quant à la chronique douce amère de la dure réalité de l'intégration du jeune adulte dans la société consumériste moderne, je ne prends même pas une seconde pour vous expliquer ce que j'en pense.
Il y a une frange fine comme une lame (une plume) affûtée sur laquelle un texte francophone doit rester en équilibre pour toucher mes oreilles et mes sens. J'attends avec une soif tenace des textes des sonnent en premier lieu comme une vraie partie instrumentale à part entière ; une mélodie, des sons, des phonèmes qui construisent une phrase musicale.
Et ensuite, seulement, des textes qui interpellent l'imaginaire. Point trop prosaïque ou terre-à-terre, ni trop poétique, c'est de rock'n roll qu'on parle ici, pas de littérature.
Un entre-deux subtil, ou le verbe doit séduire en se révélant fugacement, jamais s'abandonner, partager une part de suggestion et une part de démonstration. Un texte de chanson, finalement, ça se réussit comme une scène érotique, en jonglant subtilement entre ce qu'on montre et ce qu'on veut bien laisser croire à son public.

Pour mon plus grand bonheur, c'est dans cette fine frange que ce situe FRANCE CARTIGNY l'auteur de chanson pop ; dont l'écriture flotte quelque part dans un triangle entre DOMINIQUE A, FRED JIMENEZ ou BARBARA CARLOTTI. Je sais, c'est vaste, mais c'est toujours entre les points cardinaux qu'on peut prendre ses mesures et poser un point.
"Les meilleurs", dernier album en date signé LES FRANCE CARTIGNY (LES, car FRANCE l'a réalisé avec son frère, Sylvain, et Daniel Roux, fidèle collaborateur) illustre magistralement tout ce que j'ai pu décrire plus haut.
Le texte est musique et verbe à la fois, dans un héritage pop tout ce qu'il y a de plus traditionnellement britannique. De belles et simples mélodies chantées sans faux artifice par une FRANCE qu'on sent plus batteuse que chanteuse, mais qui n'a pas moins de légitimité au micro que derrière ses fûts. Des choeurs, on n'a pas peur de pousser les influences Wilsonniennes sur bande ; ça fait du bien à nos petits tympans.

Et au delà de ces belles parties de chant, cet album, il faut bien de préciser, est taillé dans le bois le plus dûr. De la pop sculptée dans du chêne centenaire. Gros sons. Bons plans entêtant que tournent ad lib, volume confortablement calé à onze. Ah, ça y va. Chez LES CARTIGNY, on n'a pas peur d'en donner, ni d'en prendre, la chanson, on vous la sert en larges portions.
"Y en a un peu plus, je vous le laisse?"

Eh, pardi, oui ! Je prends, et puis, je remets le disque à la plage une, je monte le son, et j'en fais profiter les voisins.

LES FRANCE CARTIGNY, Les Meilleurs
(Ocean musique / Naïve)

http://www.lesfrancecartigny.com/
http://www.ocean-music.com/