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KIESKAGATO
You, Are The One, Who Can
par Pierre

Cette semaine les jeunes viennent à moi.

KIESKAGATO
You, Are The One, Who Can
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Je n'avais jamais encore autant endossé le rôle de patriarche. Je sais depuis longtemps que je fais peur aux stagiaires - mais je mettais ça sur le compte de mes manières de félin assoupi acariâtre, plutôt que sur une hypothétique respectabilité mesurable au nombre de rides sur mon front transpirant la sagesse.
Et pourtant le résultat est manifeste. Des jeunes sont là, qui attendent. Un geste, une réponse à leur e-mail chargé de tournures de vouvoiement.

Bon, en fait deux jeunes. L'un élève ingénieur visiblement très en retard pour effectuer une journée d'observation du travail de l'un de ses aînés - forcement un type qui, par sa procrastination, s'attire toute ma sympathie par projection rétrospective. La seconde est une jeune apprentie journaliste apparemment beaucoup plus appliquée, soucieuse de trouver des ouvrages de références susceptibles de lui permette de passer haut la main l'épreuve fatidique de l'écriture d'un article critique d'une œuvre de musique de jeune dans le cadre d'un magazine alternatif en ligne piloté en sous-main par une bande de neo-beatnicks néanmoins vérolés jusqu'à la moelle par les vices de fonctionnement de l'industrie du disque.

Vous vous en serez douté mes réactions ont été : un, de ne surtout pas malmener l'outrecuidante nonchalance de l'élève ingénieur retardataire ; et deux, d'expliquer à la future rédactrice qu'une critique de disque, c'était une affaire d'hormone et de sang plus que de cervelle et de nerf. Un disque on l'aime avec ses pieds, ses mains, des gesticulations désordonnées, des bonds alarmants au milieu du salon, des cris... alors, pour moi, une chronique, ça doit s'écrire pareil. Avec de la tripe, du ressenti. C'est coucher sur papier une impression impulsive, une sensation qui échappe à la quantification, à la normalisation. Vous pensez, dans le cas contraire, il y a longtemps que j'aurais trouvé le moyen de faire rédiger les chroniques SDEP par mon seul ordinateur, en lui faisant avaler les CD promos au fur et à mesure de leur arrivée dans la boite aux lettres.

Où en sommes-nous ? On a parlé de KIEKAGATO ? Non ? Zut. C'est une erreur. Mais vous allez encore vous moquer de moi. Cette semaine, j'ai encore bloqué sur un groupe de Portland. Je ne sais pas si vous vous figurez ce qui se passe là-bas. En tout cas, moi, ça me dépasse. Je vais finir par aller juger sur pièces. J'ai déjà une demi-douzaine de groupes de Portland prêts pour assurer d'éventuels Records of the Week à venir. Au hasard de la pêche à la nouveauté rock US, la ville de Portland revient avec autant de récurrence que New York ou Los Angeles. J'ai l'impression que c'est un peu le Rennes US, ou bien l'inverse.

KIESKAGATO, je suis tombé dessus quand ils étaient annoncés sur la même affiche de concert que INVISIBLE (dois-je préciser la domiciliation ? Se référer à nos archives pour les détails) soit une référence plus que motivante. Ou alors, peut-être que je confonds. C'était peut-être un commentaire sur la page CDBaby.com (lire leur interview dans nos pages) des immenses BLITZEN TRAPPER ; autre référence de choc (pareil, les archives, click, boum, hue).
KIESKAGATO est quelque par-là, entre ces deux balises. Si ma mémoire a perdue l'anecdote exacte, c'est que l'une et l'autre des propositions demeurent plausibles et pleines de sens.

KIESKAGATO s'inscrit à merveille entre le fourbi Americana de BLITZEN TRAPPER et la magie d'arrangements aériens de INVISIBLE. Leur "You, Are The One, Who Can" est une très belle collection de masterpieces post-pop, post-todo ébouriffé. Une musique qui oscille entre langoureuses caresses dans le sens du poil et grandes baffes revigorantes façon "tu vas parler, oui, cono ?".

Ca fait un bien fou, et construit un paysage brumeux de mélancolie planante où on s'aventure sans crainte, avec la conviction vissée au corps qu'on va y retrouver des potes et des bonnes vibrations.

Il vous faut ce disque, et il vous le faut maintenant.

FunkyRate :

KIESKAGATO, You, Are The One, Who Can
(Indecisive records)

http://www.kieskagato.com/

pierre@soitditenpassant.com

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