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PIXIES
Live 2004
par Pierre

Maintenant, je peux mourir.

PIXIES
Live 2004
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Cette semaine, la chronique 'record of the week' sera le prétexte à l'évocation émue de la prestation des PIXIES à Barcelone, à l'occasion du festival Primavera Sound.
En guise de préliminaires justificatifs, j'insisterai sur le point suivant : la tournée 2004 des PIXIES, ouverte aux USA en avril dernier, a fait l'objet d'enregistrements officiels systématiques. Les heureux témoins de cette tournée se voyant proposer une copie de l'enregistrement du concert à la sortie. Une pratique de plus en plus courante, mais pour la première fois déployée autour d'une tournée de réunion aussi emblématique, inespérée et magistrale que celle qui nous intéresse. Donc, les divers enregistrements live (de Minneapolis à Londres en passant par Spokane ou Winnipeg) sont disponibles à la vente, au téléchargement pirate, etc. Les moyens ne manquent pas.

PIXIES
Live Barcelona 2004
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>>> primavera 2004

Revenons à notre festival barcelonais.
Barcelone, et son Primavera Sound Festival, est une destination de choix, et l'annonce de la programmation des PIXIES le vendredi soir avait achevé de nous décider à prendre la route pour la belle cité catalane.
Enfin presque ; car la réunion des PIXIES a d'abord suscité craintes et réserves. Je m'explique : les PIXIES - je ne vais pas vous faire un cours, si vous êtes là, ce n'est pas innocent - représentent certainement le sommet du statut de groupe culte. Tout ce qui a aimé la musique indépendante entre les années 80 et 2000 ne peut ignorer les PIXIES, et surtout y être resté indifférent. Ce groupe, comme très peu d'autres, a su - a eu la chance de - synthétiser la somme des mutations du rock de cette génération : mêlant sauvagement des influences aussi antinomiques que pourtant respectables, et posant innocemment les bases d'une nouvelle vision de l'écriture rock ; dans le texte, la forme musicale, la production... Les PIXIES ont, sans calcul, tiré un trait définitif sur une longue période de musique américaine, une sorte d'année zéro du rock indé. C'est ce qui a rendu leur musique si séductrice : personne ne sonnait comme eux, personne ne leur ressemblait, à tel point qu'il était facile de se dire : "ces types-là, sont venus pour moi, et pour moi seul". Les PIXIES ont lié un lien étonnement fort avec toute une génération, aujourd'hui entre 25 et 35, celle qui constitue le gros des musiciens sévissant aujourd'hui. Aussi, on apprenait sans surprise que lors de leur prestation au festival de Coachella, c'est non seulement tout le public, mais toute la faune du backstage qui s'est massée devant le groupe, laissant les autres scènes désertes, au grand dam des malheureux qui y étaient programmés.

Pour moi, comme beaucoup d'autres, les PIXIES ont été le déclencheur à : la consommation compulsive de musique, l'achat d'une guitare et plus tard SDEP. Que de chemin parcouru depuis ce jour où une main inspirée me tendit une cassette compilant 'doolittle' et 'bossa nova' aux seuls mots de "ça devrait te plaire". Martin, merci.
Mais je m'égare ; mon propos était mes craintes premières à l'annonce de la re-formation du groupe qui avait si bien tracé les grandes lignes ma vie musicale.
"Et si c'était nul ? Et s'ils massacraient leurs plus beaux titres ?" Je ne pouvais m'empêcher de craindre que cette tournée ne soit le théâtre d'une boucherie terrible réduisant en une bouillie médiocre l'œuvre de mes plus formidables héros discographiques.
Heureusement pour moi, et ce fut sans doute le cas pour nombre de mes contemporains, l'Internet est là, avec son flot de fichiers pirates, naviguant sur les courants les moins licites de l'océan numérique.
Quelques jours seulement après le premier concert de la tournée US, l'enregistrement était là, une grosse vingtaine de fichiers, une goutte d'eau dans l'infini octal de mon disque dur, une montagne de potentiels et d'incertitudes pour moi l'auditeur transi. Après quelques minutes interdites, je me suis lancé dans l'écoute du concert. Et là, très vite, tout en moi s'est dénoué, car non seulement, il ne s'agissait nullement d'un massacre, mais d'une très bonne prestation. Carrée, pêchue... à douter presque du millésime de l'enregistrement.
Fort de cette rassurante écoute, j'inondais le service de presse de Primavera de courriers de circonstances et justificatifs divers, jusqu'à l'assurance de l'obtention d'un pass de photographe m'offrant une place au premier rang, dans la fosse, pendant les trois premiers titres du concert.

Alors, nous y voilà. Ce vendredi-là, tout le public de Primavera Sound est devant la même scène et attend avec une impatience partagée l'apparition des dieux du stade : Back Francis, Kim Deal, Joey Santiago et Dave Lovering.
C'est ce dernier - celui dont on avait eu le moins de nouvelles ces 12 dernières années - qui parait le premier, s'installe dernière sa batterie, marqué du célèbre 'P' majuscule, et immortalise avec son petit appareil photo l'océan catalan qui lui fait face, tout sourire et gesticulation. Les trois autres PIXIES le rejoignent. Bon, ok, ils ont vieilli, il fallait s'y attendre. Joey Santiago n'avait déjà plus beaucoup de cheveux en 92, alors aujourd'hui... Black Francis, que nous avions suivi de près, a lui l'air d'avoir rajeuni de 10 ans.
Santiago allume une cigarette, la coince sous sa corde de Mi - comme le PLUS RINGARD des guitaristes, mais lui, il peut, les PIXIES ont toujours eu tous les droits : s'habiller comme des culs durant toute leur carrière, etc.
Et avant qu'on ait le temps de dire ouf, de se dire "ça y est, ils sont là", ils balancent un "Bone Machine" énorme, à fond à fond à fond. A croire que ces 12 ans, n'ont été qu'une semaine, et encore, une semaine de répétitions studieuses.

Comment décrire ? Lovering est plus qu'à fond, il ne cesse de taper, même entre les morceaux sa tête continue à osciller pour garder le tempo. Il ne laisse aucun temps mort, embrayant aussitôt sur le titre suivant avec autant d'énergie que d'appétit.
Kim Deal a toujours la même voix délicieuse, ses cœurs ont toujours la même clarté, la même évidence. Ils ne sont pas en place, non, ils sont définitifs, ils sont ultimes. Elle s'acharne sur sa basse avec naturel et légèreté, c'est un vrai bonheur.
Joey Santiago quant à lui, est au sommet du cool, il fait sortir des quatre corps Marshall auxquels il tourne le dos les mélodies les plus claires, les plus accrocheuses, avec une facilité et une décontraction désarmante. Comment un type pareil a t’il pu rester si discret pendant tout ce temps ? Comment se fait-il que cette magie ne s'exprime qu'au sein de PIXIES, et n'a jamais éclaté avec les MARTINIS ?
Enfin, notre ami le FRANK, rajeuni, remonté comme un diable, assène avec une sincérité flagrante les pièces les plus monolithiques de la belle discographie des PIXIES.
Quelle magie de s’entendre hurler directement dans les oreilles "if the devil in six, then God in SEVEN", et d'hurler en réponse "GOD IS SEVEN!" à en perdre la voix.

Avec une assurance implacable, les PIXIES égrènent les titres de leur set ; que du tube. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Leur discographie n'est faite que de tubes. La moindre chanson possède plus de richesse accrocheuse que n'importe quelle bombe de hit-parade. Comment leur reprocher ?
Ce qui décuple la maestria de cette démonstration, c'est le bonheur palpable qui se dégage de ces quatre types. Jamais, je n'ai vu quatre musiciens aussi contents d'être là, contents d'être sur scène, contents de renouer avec leurs chansons. Une joie communicative émanait littéralement de leurs visages : devant de tels sourires extatiques, on ne peut s'empêcher de répondre béatement à tout ce bonheur étalé sans façon en public.

N'ayons pas peur des superlatifs, il faut les économiser pour mieux les déballer l'heure venue : j'ai connu ce soir-là, ma plus belle expérience de concert. Des émotions adolescentes, une jubilation non retenue : du bonheur à l'état pur. Deux heures de gesticulations désordonnées, des hurlements, des reprises hystériques des refrains "Gigantic ! Gigantic ! Gigantic ! A big big love !".

Trois titres de rappels "Gigantic", "Hey", et "Into The White" en forme d'ultime révérence magistrale. J'étais ravi. Comblé. Perché pour longtemps into the white.

FunkyRate :

PIXIES, Live 2004
(DiscLive)

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