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BUCK 65
Talkin’ Honky Blues
par Elsa

Par où commencer ...?

BUCK 65
Talkin’ Honky Blues
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Talkin’ Honky Blues est un disque ‘transgenre’, déroutant, accrocheur et passionnant, la bande son idéale d’une soirée réunissant fans de hip hop et indie kids amateurs de folk, rock et country. L’auteur de cette petite merveille à la mécanique bien huilée (beaucoup de soin côté production), Buck 65, est presque essentiellement composé de Rich Terfry, canadien élevé au hip hop (il en posséderait plus de 10 000 disques) qui en plus d’être prolifique – son précédent album Square est sorti début 2003 – a décidé d’être éclectique. On parle toujours un peu de hip hop à propos de cet album car la plupart des chansons sont construites autour de beats, mais la diversité des samples, des bruitages et l’omniprésence des guitares nous emmènent sur les terrains vagues d’un electro folk mélodique ou d’une hip country hop qui aurait pris un sacré coup de jeune. La guitare acoustique en particulier revient souvent, en boucles d’arpèges qui se mêlent au beat, le remplacent ou jouent à cache-cache, et c’est très réussi. 463 illustre ça au poil, commençant par un sample de clavecin, se poursuivant par une guitare acoustique qui se lie au beat avant qu’un riff saturé tonitruant vienne tout balayer. Buck 65 s’amuse et se délecte à s’affranchir presque radicalement du cadre hip hop, utilise joliment la pedal steel qui vient siffler mélancoliquement ses airs de country sur plusieurs morceaux. A la différence de ses albums précédents, Rich Terfry n’est plus seul à la production et s’est aussi entouré d’un groupe dont les instruments sont samplés. Album peaufiné jusqu’au moindre détail, en témoigne l’attention toute particulière portée aux transitions, véritables poignées de veloutine déposées entre les chansons.

Autre élément central et distinct, on ne peut plus vraiment parler de flow ici mais plus de chant. Selon le rythme, le phrasé est un parlé (le fameux talking blues) dont le rythme s’accorde à celui des chansons, Buck 65 parle sur les chansons les plus lentes et rape sur les plus rapides. Quant à la voix, on jurerait entendre Tom Waits, pas tout le temps, mais souvent ; cette voix d’emprunt accentue la théâtralité des morceaux.
On peut très bien s’arrêter à la musique mais il serait dommage de passer à côté des paroles, récits poétiques traitant de l’art et l’éthique d’un cireur de chaussures, de galipettes arrières, cookies au chocolat, chambres d’hôtel, de filles instruments qu’il trompe ou avec qui il a des ébats fantastiques, une plongée en apnée dans l’univers personnel et imaginaire tantôt délirant, tantôt sombre et solitaire de Terfry, où l’on ne sait plus trop qui se cache derrière le je. La ‘roadsong’ est inaugurée avec le sémillant et tubesque Wicked&Weird. Plume sensible, notamment sur le magnifique Roses&Bluejays, écriture barrée, facétieuse, jubilatoire, imagée et littéraire. Il y a de l’amour aussi, une déclaration à Paris, dont notre conteur a arpenté les rues et squatté les bancs pendant plusieurs mois, déclinée en sept chapitres intitulés Riverbed. Ou comment les quais de Seine, deviennent le théâtre de petites histoires où évoluent des personnages finement ciselés par leur auteur dont le talent d’observation et de description ne fait aucun doute. Par souci de réalisme, l’atmosphère est délicatement travaillée par des bruits d’eau, grincements de bois, râle de cale. Album ambitieux et aventureux, lorsque culture et savoir faire hip hop se frottent aux genres country et folk, comme une forêt aux arbres tortueux et verts dont on a jamais fini d’explorer les replis.

FunkyRate :

BUCK 65, Talkin’ Honky Blues
(WEA)

http://www.buck65.com

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