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ARAB STRAP
Monday at the Hug & Pint
par Quentin Dève

Sado-Masochisme

ARAB STRAP
Monday at the Hug & Pint
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Je dois être un peu sadique. Je crains le jour ou Aidan Moffat, chanteur d'Arab Strap, cessera d'être malheureux, tombera amoureux ou, pire, se mettra à apprécier pleinement sa vie. Son inspiration vient de là, de sa vision brutale du réel, de souffrances profondes, de le perception de son environnement. D'albums en albums, les textes d'Arab Strap ont fait la réputation du groupe; des mots crus, un cynisme à toute épreuve et surtout une poésie splendide et touchante. La manière avec laquelle Aidan Moffat récite cette poésie, en parlant dans sa barbe, en appuyant les mots qui font mal, en assumant la dureté de ses paroles crée un climat singulier. Autour des mots, une guitare incisive et une boîte à rythmes s'articulent, devenant aussi décisives que la voix elle même.

Il y a une certaine violence dans chacune des compositions du groupe. Une violence qui frappe l'auditeur de plein fouet. Monday at the Hug and Pint est bien, comme on l'annonçait, un disque apaisé, un disque plus mâture. Pas de monologues narratifs, plus de chants, moins de boîte à rythmes, plus d'orchestration: la première écoute fait peur. Malcolm Middleton, responsable du déferlement des guitares et Moffat ont tous les deux embrassés une carrière solo en 2002 et semblent ravis de se retrouver ensemble.

En fait, la violence va se retrouver comme évoquée plus indirectement, comme plus assumée. Les images, les maux n'ont pas disparu. Arab Strap opte pour une manière plus pop (donc plus joyeuse?) de se livrer. Comme le laissait présager The Red Thread, le précédent album du groupe, le duo n'hésite pas à véritablement orchestré ses morceaux (violons, violoncelles, …) sous l'impulsion de Bill Wells (Bill Wells Trio), dont le travail est très palpable ("Pica Luna").

En étant moins plaintif, le groupe perd un peu de son originalité, mais prouve qu'il est capable d'aborder sa musique sous de nouveaux angles, de partager ses cauchemars autrement. Pas question de dormir ce soir dit Aidan Moffat dans le premier morceau, The Shy Retirer; les cauchemars en question sont plus traumatisants le jour, quand on les vit consciemment. La douleur est omniprésente, l'impuissance aussi. Ne pas pouvoir aimer, ne pas pouvoir s'aimer, avoir peur du jugement des autres, avoir peur d'être impuissant. La beauté de l'album s'en dégage d'écoutes en écoutes. Les mélodies s'appréhendent progressivement et les mots raisonnent ensuite infiniment.

Je suis peut être masochiste. Arab Strap m'a fait moins mal cette fois ci. A moins qu'il ne m'ai fait encore plus mal en me frustrant de ne pas avoir voulu exactement ce que j'aurais voulu. Mais cette imprévisibilité sauve peut être Middleton et Moffat de la redite, du pléonasme. D'autant que Monday at the Hug & Pint recèle finalement des titres d'une rare splendeur (Peep-Peep, Glue, Flirt), et un titre qui domine l'album de sa force et de sa rage, l'écrasant, le puissant, le blessant "Fucking little bastards". Frappe moi, frappe moi plus fort.

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ARAB STRAP, Monday at the Hug & Pint
(Chemikal Underground)

http://www.arabstrap.co.uk
http://www.chemikal.co.uk

quentin@soitditenpassant.com

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