CDNOW
FISCHERSPOONER
"live" at Pompidou, 29 mars 2003
par Quentin Dève

Auréolés de toute une controverse concernant leurs happenings scéniques, les hypissimes FISCHERSPOONER se produisaient l'autre jour au Centre Pompidou : c'est génial tellement c'est nul.

FISCHERSPOONER
live, transmusicales de Rennes 2001

Bienvenue, willkommen, welcome : le show débute et c'est la consternation. FISCHERSPOONER nous donne le spectacle affligeant d'un gala de fin d'année dans une MJC de banlieue. Ils sont huit sur scène, en play-back total : un type en T-Shirt "Fuck Bush" qui semble être le chef (Est-ce Fischer ? Est-ce Spooner ? Est-ce un type qui passait par là ? Nul ne saurait dire), une grosse dame et une autre de carrure moyenne, vêtues de toge de péplum et censées être les "chanteuses", quatre danseuses effectuant un numéro chorégraphique très approximatif, et enfin, au milieu de tout ça, un peroxydé surexcité faisant semblant de chanter. Il se prend pour Ziggy, mais ressemble finalement plus au personnage homonyme de Starmania qu'à celui de Bowie. Est-ce Fischer, est-ce Spooner, ou juste un type payé au cachet ? On sait pas, et à la limite on s'en fout. On a atteint un tel niveau de grotesque que les authentiques FISCHERSPOONER auront très bien pu rester tranquilou à la maison et envoyer des exécutants que le spectacle ne nous décevrait pas pour autant. Tout n'est qu'une énorme farce, avec la superficialité comme but, la vanité comme fin. FISCHERSPOONER pulvérise ainsi le paradoxe du live techno: à tous ceux qui, allant voir tel ou tel artiste sur scène, se sont souvent demandé "mais qu'est-ce qu'il fait derrière ses machines, finalement ?", le duo offre une réponse radicale.
Ici, personne derrière un sampleur-séquenceur en train de vaguement pousser des boutons, toute la musique est sur bande préenregistrée. Chaque morceau est un prétexte à un changement de "costumes", exécuté rapidement dans un coin de scène et à une nouvelle chorégraphie lamentable à la Macarena.
Cette parodie de comédie musicale bas de gamme dure à peine une heure, le temps d'"interpréter" quelques bombinettes disco extraites du récemment réédité premier album #1, pour un final sur Emerge, ce morceau qui est devenu l'hymne absolu de notre temps, ce morceau qui fait passer Miss Kittin and the Hacker pour un sympathique duo folk, ce morceau qui a un pouvoir magique dont j'aimerais bien connaître le secret: il fait HURLER les filles. C'est bien là l'étonnant secret de la soirée: le spectacle est aussi dans la salle. Le public de Beaubourg, d'habitude pétrifié d'ennui lors d'interminables concerts de laptop, profite de l'occasion pour se lâcher complètement et manifester un enthousiasme délirant à chaque nouvelle étape franchie dans le grotesque, que ce soit un lancer de confettis, un stage-diving au beau milieu des fauteuils en gradin ou l'usage d'une nacelle lêve-personne de chantier, métaphore pénienne pas très subtile.

"Ever had the feeling you've been cheated ?",
aurait dit en son temps John Rotten.

Ce soir, la réponse est oui,
mais on est venu pour ça.
 

 

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