TARWATER
Dwellers on the threshold
par Quentin Dève

'15€ To paradise road'

TARWATER Dwellers on the threshold

1998: le label Kitty-yo est enfin distribué en France, et c’est Tarwater, projet électronique atypique, qui sort le premier du lot. A l’époque pourtant, le duo berlinois n’en est pas à ses premiers faits d’armes mais réussit ici l’exploit de séduire presse et public. D’ailleurs, c’est sûrement en France que les Allemands connaissent étonnamment leur plus grand succès.

Depuis, Ronald Lippok et Bernd Jestram ont sorti deux disques, un album et une très intéressante musique de film. L’album (" Animals, Suns and Atoms ") laissait un peu sur sa faim, souffrant d’un manque d’identité et peut être de ressemblances trop flagrantes avec Air.

Et puis, il y a un peu plus d’un mois on a appris que les allemands sortaient, pour la rentrée, leur cinquième album : " Dwellers on the threshold ".

On ne peut parler de coup de foudre, mais de coup de fouet dans la relation qu’on avait avec Tarwater. Plus qu’une réconciliation, cet album marque un renouveau dans la carrière du groupe ; on retrouve bien un son à la Tarwater, mais le groupe a su s’entourer de comparses leur apportant une nouvelle fraîcheur et une nouvel horizon. Citons donc la présence de l’excellent Stefan Scheider (To Rococo rot, Schneider TM) et de Niklas Addo, percussionniste du Fela Kuti Band dans les années 70. Les morceaux auxquels participent ce dernier sont somptueux et frappent l’esprit sans détour (Phin).

En fait, dès " 70 Rupies to paradise road ", Tarwater a réussi son coup : nous faire basculer dans un état d’attentisme à un état de certitude : ‘dwellers on the threshold’ marquera de son empreinte la rentrée 2002. Le titre même de cette première chanson est significatif, même si on pourrait le ré-intituler "  15 € to paradise road ", puisque ce devrait être le prix de ce disque.

La plupart des titres ont été enregistrés dans le studio de Bernd ; les deux hommes s’y retrouvent régulièrement, pour jouer des morceaux dont la part d’improvisation est importante, et affiner les textes, tous écrits et chantés d’une manière très mécanique par Ronald.

L’unité de ce disque est surprenante, on flotte de titres en titres alors que les ‘Metal Flakes’, ‘1985’, ‘Miracle of love’ pourraient être regroupés en un seul bloc. L’album s’écoute de bout en bout, sans rupture.

Le final ‘Imperator Victus’ est grandiose, et démontre à lui seul que la création électronique, et l’inventivité digitale sont toujours en plein bouillonnement en Allemagne. L’imaginaire, c’est à dire les images engendrées par les mélodies, est à la base et à la conclusion de cet album incontournable.

FunkyRate :

quentin@soitditenpassant.com