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GODSPEED YOU BLACK EMPEROR!
Lift your skinny fists like antennas to heaven
par Quentin Dève

L'Empire des Sens,

Lift your skinny fists like antennas to heaven

Deux disques. Et quatre vingt minutes d'un étourdissement perpétuel, nous conduisant aux frontières d'une explosion orgasmique fatale. Quatre plages ou l'on s'allonge naïvement, nu, prêt à se laisser submerger par cette marée hantée, par ce flot de créativité habité par ce collectif de Montréal.

GYBE!, abrité chez Kranky depuis ses débuts, prouve sans controverse possible qu'il détient une force d'imagination singulière, dont la source semble intarissable.

Initiateurs d'une musique sans mots, indescriptible, Godspeed ne déçoit pas. Déjà auteurs d'un album plus que révolutionnaire en 1997 ("f#a#.infinity"), et d'un EP bouleversant en 1999 ("Slow riot for new zero Kanada"), leur horizon sonore s'élargit encore.

Le feuillet, livré avec le disque, en donne l'autopsie. Vingt "mouvements" dont les titres disent tout et surtout rien du tout, comme le mogwaiesque "The building they are sleeping now" ou encore l'unique "She dreamt she was a bulldozer, she dreamt she was alone in an empty field".

Superpositions géniales de bribes de discours ("Chart #3" ou le poignant et mélancolique "They don't sleep anymore on the beach"), d'une kyrielle d'instrumentations hors du commun (violon, illusion de scie musicale, xylophones, sans oublier guitares, basses et batteries), et même de chants de gosses ("Attention mon ami fa la la la..."). Tout semble vivant. Atmosphérique. Syd Barett a enfanté des canadiens en leur laissant la liberté de faire passer tous les sentiments humains par le truchement de la musique. Tous les sens se mettent en effervescence. Images subliminales. Introspection. Chaque morceau est une montée épique vers les sommets du subconscient... Au delà de la musique... (le groupe tend à une vision protestataire mais non anarchique).

Et tantôt on voit des fantômes danser, sourire aux lèvres, tantôt on se voit chanceler, toujours on se sent bercer. On a envie d'être somnambule. Musique sombre. Reflet d'un pessimisme prôné par le groupe. Mais message d'espoir toutefois: "FREEDOM CAN BE ACHIEVED" est lancé par flashs, en fin de concerts, à des spectateurs abasourdis. Plus jamais sourds. En 2000, oui il y eu le chaos. Un chaos magnifique.

GODSPEED YOU BLACK EMPEROR! - Lift your skinny fists like antennas to heaven (kranky)

 

quentin@soitditenpassant.com

 

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